Archive for March, 2018

Writing in the scientific journal Bioscience, 15,364 scientists from 184 countries have issued a “warning to humanity” and present a radical agenda to protect planet Earth. We, the billions of people believing in human exceptionalism, categorically reject this agenda and issue in return a stark warning to planet Earth. No amount of facts showing that planet Earth is in a dire state will have us changing our mindset. We do not care about planet Earth. We care about our next devices and their latest cool features. We want more stuff.

The authors of this warning ignore the obvious facts that the era of poets marveling at the diversity of flower or insect species is over and that the real-world wildlife has now become obsolete. We simply take our smartphones to overlay customized virtual creatures on our surrounding environment and dispose them when new trends dictate. There is no longer a need to preserve filthy and dangerous wildlife that moreover lives in places where Amazon does not deliver. More iPhone are sold per day than there are lions, tigers, elephants and gorillas on the planet: this should alert the signatories to what really matters, were they not ideologically biased against human progress.

Those scientists argue that we are approaching many of the planet limits. We refuse to accept any kind of limits: growth must indefinitely prevail unrestricted. We officially summon planet Earth to abandon its intransigent attitude and accept the inevitable: an extension of its biological and physical limits. Should planet Earth stick with its hard line ideological stance, it needs to be aware that mankind will never compromise and that we will seek a second planet. The universe is like our ambition: limitless.

The new economy of nature, whereby ecosystem services such as pollination are monetarily valued, should not be understood as another dogmatic way of protecting planet Earth. It is instead an invitation to producers and shareholders to conquer new markets by outcompeting nature with better services at a cheaper price for consumers. Ecosystems must fight for their survival like any other business. Protecting nature even more would give it an undue competitive advantage against our industries. If our agricultural practices endanger bees pollinating crops, we do not need to change these practices. Instead we let bees disappear and replace them by AI powered micro drones – which do not sting and create many jobs.

Those scientists obvious ideological aim is to inspire discussions on broader questions relevant to overconsumption, overpopulation and how our institutions can meet the challenge of reducing human pressure on planet Earth. We find this unacceptable and call on the signatories of to join us on the side of winners against planet Earth, and hence to symbolically withdraw their signatures by not engaging in any of the research suggested in the warning to humanity. Fellow scientists, ask not what more you can do for planet Earth, ask what more planet Earth can do for you. Both left and right politicians are already united in this truly bipartisan issue that beautifully transcends the political divide: worshipping growth and denying that we depend on our environment.

We therefore strongly oppose the agenda accompanying the second warning to humanity and will not tolerate any obstacle against our way of life –be it tree-huggers or trees themselves. At the first Earth Summit in Rio de Janeiro in 1992, the 41st U.S. President claimed “our way of life is not up for negotiation”. Today, speaking in the name of billions of people, we proudly claim to all be U.S. presidents. Planet Earth better be warned.

Guillaume Chapron1,  Harold Levrel2,  Yves Meinard3 &  Franck Courchamp4

A (satirical) response to the “Warning of scientists to humanity” by Ripple et al., 2017 (here), published in Trends in Ecology and Evolution (here). The French version is here.

 

1 Grimsö Wildlife Research Station, Swedish University of Agricultural Sciences.

2 AgroParisTech, CNRS.

3 Université Paris-Dauphine.

4 CNRS, Université Paris-Saclay.

Dans la revue scientifique Bioscience, 15 364 scientifiques de 184 pays ont publié un « avertissement à l’humanité » et présentent un programme radical pour protéger la planète Terre. Nous, les milliards de personnes qui croyons en l’exceptionnalisme humain, rejetons catégoriquement ce programme et émettons en retour un avertissement sévère à la planète Terre. Aucun fait montrant que la planète Terre est dans un état désastreux ne nous fera changer d’état d’esprit. Nous ne nous soucions pas de la planète Terre. Nous nous soucions de nos prochains gadgets et de leurs toutes dernières fonctionnalités. Nous voulons consommer plus.

Les auteurs de cet avertissement à l’humanité ignorent que l’ère des poètes s’émerveillant de la diversité des espèces de fleurs ou d’insectes est terminée et que la faune du monde réel est maintenant devenue obsolète. Nous prenons simplement nos smartphones pour superposer des créatures virtuelles personnalisées sur notre environnement et les supprimons lorsque de nouvelles tendances l’exigent. Il n’y a plus besoin de préserver la faune hirsute et dangereuse qui vit par ailleurs dans des endroits où Amazon ne livre pas. Plus d’iPhone sont vendus par jour qu’il n’y a de lions, de tigres, d’éléphants et de gorilles sur la planète : cela devrait alerter les signataires sur ce qui compte vraiment, s’ils n’étaient pas idéologiquement biaisés contre le progrès humain.

Ces scientifiques affirment que nous approchons de nombreuses limites de la planète. Nous refusons toute sorte de limites : la croissance doit prévaloir indéfiniment sans restriction. Nous invitons officiellement la planète Terre à abandonner son attitude intransigeante et à accepter l’inévitable : une extension de ses limites biologiques et physiques. Si la planète Terre reste ancrée sur sa position dogmatique, elle doit être consciente que l’humanité ne fera jamais de compromis et que nous chercherons une seconde planète. L’univers est à l’image de notre ambition : sans limites.

La nouvelle économie de la nature, par laquelle les services écosystémiques comme la pollinisation sont évalués sur le plan monétaire, ne doit pas être comprise comme un autre moyen idéologique de protéger la planète Terre. Il s’agit au contraire d’une invitation aux industriels et aux actionnaires à conquérir de nouveaux marchés en gagnant contre la nature avec de meilleurs services et à un prix moins élevé pour les consommateurs. Les écosystèmes doivent se battre pour leur survie comme toute autre entreprise. Protéger la nature encore plus lui donnerait un avantage concurrentiel indu contre nos industries. Si nos pratiques agricoles mettent en danger la pollinisation des cultures, nous n’avons pas besoin de changer ces pratiques. Laissons les abeilles disparaître et remplaçons-les par des micro-drones contrôlés par intelligence artificielle : eux ne piquent pas et créent des emplois.

L’objectif idéologique évident de ces scientifiques est d’inspirer des discussions sur des questions plus larges concernant la surconsommation, la surpopulation et la manière dont nos institutions peuvent relever le défi de réduire la pression humaine sur la planète Terre. Nous trouvons cela inacceptable et appelons les signataires à nous rejoindre du côté des gagnants contre la planète Terre, et à retirer symboliquement leurs signatures en ne s’engageant dans aucune des recherches suggérées dans cet avertissement à l’humanité. Chers collègues, ne demandez pas ce que vous pouvez faire de plus pour la planète Terre, demandez ce que la planète Terre peut faire de plus pour vous. Les politiciens de gauche et de droite sont déjà unis dans cette question vraiment bipartisane qui transcende magnifiquement la division politique : adorer la croissance et nier que nous dépendons de notre environnement.

Nous nous opposons donc fermement au programme idéologique accompagnant le deuxième avertissement à l’humanité et nous ne tolérerons aucun obstacle contre notre mode de vie. Lors du premier Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, le 41ème Président des Etats-Unis a déclaré que « notre mode de vie n’est pas ouvert à la négociation ». Aujourd’hui, au nom de milliards de personnes, nous revendiquons fièrement d’être tous des présidents des États-Unis. La planète Terre est avertie.

 

Guillaume Chapron1,  Harold Levrel2,  Yves Meinard3 &  Franck Courchamp4

Une réponse (satyrique) au “Warning of scientists to humanity” par Ripple et al., 2017 (ici), publiée dans Trends in Ecology and Evolution (ici). The English version is here.

 

1 Grimsö Wildlife Research Station, Swedish University of Agricultural Sciences.

2 AgroParisTech, CNRS.

3 Université Paris-Dauphine.

4 CNRS, Université Paris-Saclay.